Acide phosphorique, polyuréthane et Acétone

Comme expliqué dans le précédent article et comme l’annonce le titre, on doit sortir Molly pour différents travaux. On troque durant 2 semaines le rhum, le rosé et les fruits frais pour des produits bien moins sympathiques et bien plus nocifs pour la santé…

 

Mercredi 22 avril à 10h30, nous avons donc rendez-vous sous la grue du chantier de la Marina Bas-du-Fort à Pointe-à-Pitre. Mais comment faire pour s’y rendre ? Le tourteau d’arbre d’hélice est désaccouplé et complètement grippé, si on le remet en place et démarre le moteur, l’inverseur risque de prendre un sacré coup. Il nous faut une autre solution. Coup de chance (ou de malchance), 2 jours avant de sortir le bateau, Benjamin et son voilier viennent s’écraser sur nous dans le mouillage. Pour se faire pardonner, il nous propose de nous remorquer au chantier avec son bateau école et ses 200cv. Dernier « hic », il faut entrer dans la darse en marche arrière, pas facile à faire quand on se fait tracter. On recrute nos amis Pierre et Corinne, le beau-frère, la belle-sœur et Jean-Jacques avec son annexe de 15cv. On lance le bateau, on pousse, on tire, on re-pousse avec l’annexe et ça rentre tout seul. La classe, les gars ! A 11h, le bateau est sur son ber et le chantier peut commencer.

 

En premier, le dessous de la flottaison :

 

On attaque par un coup de karcher et on se rend vite compte que le primaire, qui tenait encore pas trop mal il y a une année, se décolle complètement. Résultat, 50% de la coque est décapée jusqu’à l’acier. Bon, ben ça fait tout ça de moins à poncer. On continue donc en meulant toute la peinture restante et on met l’acier à nu partout. Comme on a aussi quelques problèmes au niveau de la ligne de flottaison, on décide de dépasser jusqu’au premier bouchain du bateau. Quelques bonne heures de meules en perspective. 3 jours plus tard et avec l’aide de Samir un après-midi, on donne le dernier coup de disqueuse au bateau.

 

 

Il faut maintenant préparer, traiter et repeindre la coque à nu. Depuis quelques mois déjà, je me renseignais à droite et à gauche sur les peintures et techniques à utiliser pour l’acier. Le résultat n’était pas très concluant, autant d’avis que de personnes à qui j’avais demandé. Tout et son contraire, c’était pas gagné… En revanche sur le chantier on rencontre quelques « professionnels » de la peinture bateau (et même acier) et là il semblerait que les avis sont bien plus proches. Parfait. Pour notre bateau ça sera donc :

 

  • Décapage à nu de l’acier à la disqueuse grain 40 – 80.
  • Dépoussiérage.
  • Traitement à l’acide phosphorique 24h.
  • Brossage.
  • Dégraissage à l’acétone pure.
  • 1 couche de Jotamastic Alu (Primer epoxy 2 composants conçu pour les bateaux ne pouvant pas être sablés.)
  • 2 couches de Jotamastic Standard (Primer epoxy 2 composants. 3 couches sur les bouchains et sur l’avant du bateau.) 
  • 3 couches d’antifouling SeaJet noir.

 

 

Ensuite au-dessus de la flottaison :

 

Il faut qu’on ponce toute la peinture verte et sa sous-couche pour atteindre le primaire epoxy et repeindre en dessus avec du plus solide. En Suisse, j’avais utilisé du monocomposant spécial bateau de chez International (Toplac) et sa sous-couche. Cette « cochonnerie » part en poudre et vieillit très mal. Au prix du pot, c’est du vol. Heureusement pour nous, il ne résiste pas très bien à la ponceuse non plus. Willy vient nous donner un grand coup de main et le primaire est vite de retour. On peut passer au traitement.

 

 

Pour les zones rouillées :

 

  • Décapage à nu de l’acier à la disqueuse gros grains.
  • Dépoussiérage.
  • Traitement à l’acide phosphorique pur 24h.
  • Brossage.

 

Pour tout le dessus de la flottaison : 

 

  • Nettoyage à l’acétone pur.
  • 2 à 3 couches de Jotamastic Standard sur les zones manquant un peu de primaire, poncées trop profondément, le pavois, les bouchains et à l’avant et l’arrière du bateau. 
  • Mastic 2 composants epoxy sur les « trous ». Principalement dans le pavois. 
  • Ponçage du mastic. 
  • Nettoyage à l’acétone.
  • 3 couches de peinture 2 composants au PU LECHLER passées au pistolet. 

 

 

Comme entre les couches nous avons du temps, on en profite pour traiter les endroits du pont qui re-rouillent systématiquement. On procède de la même façon que sous la flottaison, mais on ajoute avant le primaire epoxy une sous-couche de Rustol CIP pour passiver la rouille. On verra ce que ça donne, selon notre ami Jeff, c’est efficace. J’en profite aussi pour démonter un gros bac en acier inutile, soudé sous le moteur qui nous empêchait d’accéder à un puisard rempli d’eau par le presse-étoupe. Gros nettoyage de toute la zone et une couche de Rustol CIP. C’est tout propre.

 

 

Concernant nos problèmes de moteur, on démonte entièrement l’arbre d’hélice. On se rend compte que l’atelier mécanique d’Yverdon qui était censé nous tourner l’arbre à 35mm nous l’ont en fait tourné à 35.25mm. La bague s’est dilatée et a naturellement serré sur l’arbre à cause des 0.25mm de trop. Résultat l’arbre a forcé, s’est usiné dans les tourteaux et dans le presse-étoupe. Dommage qu’on soit plus en Suisse, j’aurais 2 mots à dire au tourneur. Grâce à son erreur, on doit tout changer : arbre, presse-étoupe et bague hydrolube. Coup de chance, Yves de chez Lombardini est spécialiste des arbres et nous récupère un arbre neuf au prix d’une occasion. Il nous usine le tout correctement. On s’en sort pas trop mal. Notre pote Renan qui était au mouillage à côté de nous avant le chantier et qui travaille chez Volvo Penta nous consacre une de ses matinées de congé pour refaire l’alignement de l’arbre. La classe ! Tout est neuf et contrôlé par un mécanicien.

 

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Nouvel arbre d’hélice

 

Un coup de ménage, d’aspirateur et de peinture dans les fonds de cale et on est prêt à retourner à l’eau. Vendredi 9 mai à 16h00, on allume le Yanmar et on retourne au mouillage après 17 jours de chantier.

 

 

Pour le reste, que dire sur notre passage à Pointe-à-Pitre. Pas grand chose. On bossait de 6h le matin à 18h le soir, à 20h on dormait et rebelote le lendemain. On a pas vu grand chose de la ville. Au chantier, tout s’est bien passé. On m’a juste volé ma casquette violette le premier jour. Celui qui à fait ça doit avoir très mauvais goût. C’était ma casquette de bricolage et elle était très moche. On a fait bien attention, on a remonté l’échelle tous les soirs et rien laissé traîner. On nous avait prévenu dès notre arrivée que le moindre truc qui traînerait la nuit, ne serait plus là le lendemain matin. Nos seuls vrais soucis étaient la chaleur et les moustiques. On a essayé d’installer une moustiquaire dans la chambre mais elle n’était pas assez grande pour 2 personnes. Je dormais donc dehors dans le hamac et Oriane dans le lit. J’avais les moustiques et elle le sauna :). La première semaine, on a rencontré deux compatriotes suisses voyageant sur un bateau moteur en alu entièrement construit par Ernest, le capitaine. Du très beau travail, leur bateau est superbe et le rôti de Patricia délicieux. Durant les travaux, des bateaux de location nous ont aussi amené leurs restes de nourriture. Merci à eux, 4 gros cageots remplis.

 

  

Notre escale technique est terminée. On va pouvoir retourner naviguer et visiter les alentours. Promis, le prochain article sera rempli de belles photos de plages, de mer, de végétations et on vous parlera d’autre chose que d’epoxy et de disqueuse.
Avant de boucler cet article j’aimerais juste remercier tous ceux qui nous ont donné un coup de main sur le chantier, spécialement :

 

  • Willy qui a, avec ses gros bras, poncé à lui tout seul les 3/4 du vert.
  • Renan et son jeu de cales qui nous a remonté et aligné l’arbre alors qu’il aurait pu faire la grasse matinée. 
  • Benjamin et Jean-Jacques pour le tractage.
  • Pierre et Coco pour le mastic, la tournée des magasins de bricolage et le reste. 
  • Le propriétaire du Damien 4 pour son aspirateur et surtout son pistolet à peinture qui nous a bien fait gagner 1 journée de rouleau. 
  • Christian et Patrick pour les différents petits coup de pouce (escabeau, soudure, etc).

 

Profitez bien du printemps, nous on file faire un plouf.

 

Commentaires

  1. Émilien a écrit le

    Ah ah ah merci Bertrand pour la précision :) maintenant on nous prends pour une balise vu du large ;) mais en vrai c joli et partout ou on va on nous reconnais, c marrant

  2. Bertrand a écrit le

    Ça y est, j’ai trouvé… Pour la couleur, vous pouvez peut être essayer de demander a seven up de vous sponsoriser !

  3. Bertrand a écrit le

    Aie… Toplac c’est ce que j’ai mis sur le pare brise de Gran Bandido que j’ai refait cet hiver. On verra, il n’est pas dans l’eau.
    Sinon bravo, joli boulot ! La nouvelle couleur est… Comment dire… colorée ? Vous pouvez peut être essayer un prix de sécurité maritime :-)
    Amusez vous bien, vous aurez bien mérité un peu de repos!

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