Virage à gauche, cap au Nord !

Mon départ de New-York fût comment dire… mouvementé. En partant, je décide de m’approcher de la statue de la liberté pour avoir de belles photos à vous offrir. Belle initiative. En me rapprochant je constate rapidement qu’il y a une bonne dizaine de promène-couillons qui défilent plein-gaz et tentent de s’approcher au maximum pour offrir la meilleure photo à leurs occupants. Ils n’hésitent pas, au passage, à klaxonner le petit con sur son voilier vert qui tente de faire la même chose. Car le petit voilier vert lui, il va à seulement 2 nœuds. Pour les terriens ça fait 3,6 km/h, moins rapide qu’un type qui marche. Pour ma défense, le courant, les vagues et le vent ne m’aident pas. Ils ont gagné, je rebrousse chemin.

 

Ensuite je m’attaque à la remontée de l’East-River. Autant sur l’Hudson le trafic est dense mais gérable, autant sur l’East-River, c’est du n’importe quoi. Il y a des bateaux dans tous les sens. Il y a aussi de fortes rafales car le vent du nord accélère entre les grattes-ciels. Par endroit, il y a presque 5 nœuds de courant, ce qui correspond à la vitesse maximum du bateau au moteur. Impossible donc de faire demi-tour si il devait se passer quelque chose. Si le moteur cale, le courant m’entraine et je m’échoue, impossible de s’ancrer ici. Stressant. Un américain m’avait prévenu, « c’est un mauvais moment à passer », j’ai compris pourquoi.

 

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La voilà la photo !

 

Heureusement en quelques heures je suis loin de la ville et après avoir longé l’immense aéroport où 2 avions décollent par minutes (sans exagérer), j’arrive au sud du Long Island Sound. C’est une très longue baie qui se trouve au Nord de New-York, entre la presqu’ile de Long Island et le continent. Toute la région est la station balnéaire des riches new-yorkais. Pour moi, c’est enfin une surface assez grande pour refaire de la voile. Malheureusement le bateau n’est pas prêt. Je m’arrête donc dans la première baie pour remonter les voiles et revoir tout le cordage. Un coup de vent assez violent m’oblige à rester sur place 3 jours. Je prends mon mal en patience.

 

Molly prêt à reprendre la mer !

Molly prêt à reprendre la mer !

Le mauvais temps approche

Le mauvais temps approche

 

 

L’après-midi suivant, je décide de faire une petite sortie « test » sous voile et magnifique, tout fonctionne. Le plaisir de naviguer après 1 année de moteur est si grand que je navigue 36 heures non stop jusque tout au nord de la baie, au Connecticut. Je redécouvre les plaisirs de la voile, ça m’avait manqué. Il parait que toute la région de Long Island est très belle, je n’ai absolument rien vu. Ça sera pour une prochaine fois.

 

Je m’arrête une nuit au Connecticut et repars pour 48h de mer en direction de Cap Code. Navigation cette fois un peu plus compliquée. Les grands bancs ne sont pas très loin et il y a énormément de pécheur dans la région, impossible de dormir la nuit. Tout se passe néanmoins très bien et 2 jours plus tard, je laisse filer mon ancre à Provincetown, dans la baie de Cap Code, au large du Massachusetts.

 

Provincetown, ancien village de pêche à la baleine, est « le spot » de vacance de toute la région. C’est aussi la capitale gay et branchée du coin. Et ça donne une ambiance assez spéciale. La journée, il y a les familles américaines qui viennent voir les baleines (le business local) et profiter des plages. Tout au tour du port, les pêcheurs vident tranquillement leurs filets. Dès que s’en vient la nuit, la ville se transforme en énorme fiesta. Il y a des fêtes, des discothèques et des bars branchés de partout. Il y a même des soirées où l’on peut aller voir des hommes nus se battre dans la boue (j’ai reçu un flyers, je précise), Tout y est naturellement trop cher, une coupe de cheveux par exemple c’est 60$, heureusement que j’ai demandé le prix avant d’entrer.

 

 

L’ambiance ne me plait pas et lorsque monsieur le « Harbor Master » vient me virer de là où je suis ancré, je décide d’écourter mon séjour. Le temps d’avitailler le bateau et je file m’ancrer loin de la civilisation, au sud de la baie. Pour la première fois du voyage, des phoques viennent jouer au tour du bateau. Je n’en avais jamais vu, Mousse non plus et elle les déteste visiblement autant que les dauphins.

 

Petite anecdote, depuis la Martinique où l’on nous a lâchement volé notre annexe, je la cadenasse toujours, partout. Sauf que cette fois j’ai oublié les clés du cadenas dans le bateau. J’ai tout essayé et ma chaine est vraiment indémontable, c’est rassurant.  A 22h30, un peu désespéré, je fini par aller demander à l’équipage d’un chalutier s’ils peuvent me prêter un chalumeau ou une scie. Ils étaient sur le départ et le capitaine m’a juste dis « pas le temps, mais t’as l’air sympa, si tu veux embarque et on te dépose à ton bateau ». J’ai saisi l’occase et suis rentré au voilier en chalutier d’une bonne 20 aines de mètre. La grande classe, merci captain.

 

Je décide ensuite de repartir directement en direction de la Nouvelle-Écosse au Canada. 48h de navigation, peut-être plus car je dois éviter au maximum et prendre large le Cap Sable, réputé dangereux.

 

Les premières heures de mer sont parfaites. Un bon vent, une mer correcte et des baleines qui viennent nager au tour du bateau. Ça non plus je n’en avais encore jamais vu en plein jour. C’est magnifique. Puis le soir, chose non annoncée, une grosse houle d’Est arrive. La mer devient chaotique. Je n’arrive pas à remonter sur la Nouvelle-Écosse, les conditions sont dégueulasses, je me déroute sur le Maine.

 

Le lendemain, en vue de la côte, je découvre le sens de la phrase qu’on m’avait dis plusieurs fois « Le Maine c’est très beau, mais fais gaffe aux casiers à langoustes ». Effectivement c’est grandiose, mais il n’y a pas comme je l’imaginait et comme dans le reste du monde, quelques casiers par-ci par-là près de la côte. Non, il y a des millions de casiers à Langoustes, partout, et jusqu’à 20 milles de côtes. Je n’ai jamais vu ça. J’essaye de faire attention et de les éviter un maximum, mais je fini vite par faire comme tout le monde et je laisse aller le bateau sous voile en bloquant l’hélice. Si un se coince, tant pis, je plongerais. Je n’allume pas le moteur par contre, c’est trop risqué.

 

Bouée de casiers à langoustes.

Bouée de casiers à langoustes.

 

Pour le reste le Maine est vraiment une région à part. Dix-milles îles constituent le littoral, un vrai paradis pour la plaisance. Au moment où je vous écris ces lignes, je suis à Castine, tout au fond d’une immense baie d’une 30 aines de milles remplie de petites îles. Dehors il y a un phares, des falaises et des sapins. Ce matin je suis allé faire un tour à terre, c’est impressionnant, à 50 mètre du bord on se croirait en moyenne montagne en Suisse, même odeur, même végétation. Finalement je ne regrette pas de m’être dérouté, je pense même que je vais rester encore un petit peu.

 

Safety First !

Safety First !

 

A bientôt

 

Commentaires

  1. Normande a écrit le

    Bon, je ne semble pas reussir dans mon envoie de message…désolée. Je m’informerai…

  2. Normande a écrit le

    Bon, je t’avais écrit un long message, mais il a été tout effacé. J’essaie de noiveau…

  3. Normande a écrit le

    Salut Emilien. Je viens tout juste de lire to journal. Je te trouve bien brave et suis heureuse que tu vives de bons moments en mer.
    De mon côté, Sirocco est maintenant au Lac Champlain et je me prépare pour y relaxer et profiter d’un bel été. Tes photos sont géniales et tes textes très agréables à lire. A+ et bonne navigation. ??

  4. Gwendal a écrit le

    Ah, le Maine… :)

  5. Babou a écrit le

    Des bisous je prend soins de ta femme. Elle va bien. ?
    Prend soins de vous 2 aussi.
    Magnifique les photos. Encore encore encore…
    Des bisous

  6. elo a écrit le

    Cool d’avoir des news ! Bon vent pour la suite!! Bise du VS

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