2300 milles nautiques plus tard

Après avoir passé 5 jours à bricoler le bateau à Halifax, Hugues me rejoint à bord. Il est valaisan comme moi et on se connait bien. Entre nous ça à toujours été une histoire de bateau. On était d’ailleurs copropriétaire du voilier Marty Mcfly avec lequel on avait traversé l’Atlantique pour rejoindre le Brésil en 2012. On connait tous les deux l’océan (il en est à sa 5 ou 6ème transatlantique) et on a hâte d’en découdre avec l’Atlantique Nord. On prend la décision de supprimer le Groenland de notre route. Il doit reprendre le travail début septembre et nous n’aurons pas le temps de rejoindre l’Islande d’ici là si on s’offre ce détour. Les icebergs et les ours polaires, ça sera pour une autre fois.

 

On avitaille le bateau et on quitte Halifax rapidement. Notre but, traverser d’une traite sur l’Islande et profiter là bas de la fin de ses vacances.

 

De retour de WalMart

De retour de WalMart

 

Une dépression nous force d’entrée à retarder notre départ de 2 jours et à faire du près les 2 jours suivants en direction de l’île de Sable. Comme départ c’est pas terrible, mais ça donne le ton à nos estomacs d’entrée. Nous remontons ensuite gentiment en direction de la pointe de Terre-Neuve d’où nous pourrons viser plein Est en direction de l’Écosse. Arrivé au 2/3 du trajet nous caprons au nord sur l’Islande. C’est théoriquement la façon la plus simple de nous y rendre. Arrivé au sud de Terre-Neuve, une dépression nous rattrape par le sud et nous annonce 2 jours de vent debout relativement fort. La terre est proche, on décide de s’arrêter.

 

Par hasard on découvre un petit fjord au bout duquel se trouve la ville de Trepassey. C’est le dernier arrêt possible à l’extrême Est de Terre-Neuve. On y reste 2 nuits, le temps que la dépression passe. Naturellement on ne peut pas visiter grand chose, il vente et pleut non-stop. La bière locale, servie dans le seul hôtel – bar – restaurant de la ville est par contre excellente.

 

Le matin du départ le soleil pointe le bout de son nez et j’en profite pour vous prendre quelques photos.

 

 

Nous reprenons la route cap plein Est pour la longue partie de la traversée. Pour notre routage météo nous pouvons compter cette fois sur François Mettra (www.MeteoMettra.ch). Il est météorologue en Suisse et vient de la même région que moi. Sa spécialité c’est plutôt les événements sportifs en montagne, mais cette nouvelle expérience l’intéresse. Nous communiquons par téléphone satellite et recevons tous les jours ses prévisions et ses conseils. Cela nous permet de profiter d’un maximum de vents favorables et de nous éloigner des zones potentiellement dangereuses.  Et sur cette navigation son aide est précieuse. Les dépressions (4 en 16 jours) nous accompagne sur toute la traversée. Pas des conditions dantesques, mais des vents soutenus montant jusqu’à 40 nœuds parfois et une mer souvent forte et croisée. La température de l’air dépasse rarement les 15 degrés et la pluie et le brouillard son quasiment toujours présents.

 

En essayant de gérer au mieux le passage des fronts et des basses pressions, notre route a tendance à être beaucoup plus sud que prévue. Arrivé au 3/4 de la traversée nous n’avons pas dépassé le 51 degrés Nord. La dernière dépressions nous interdit toute remontée vers le nord. Nous devons donc du nous rendre à l’évidence qu’après le Groenland, c’est l’Islande qu’il faut abandonner et nous mettons le cap plein Est sur le Sud de l’Irlande. À une lettre près on est au bon endroit.

 

Arrivée Arrivée Mousse

 

Après 16 jours de mer et un nombre incalculables de tasses de café, nous jetons l’ancre dans la baie de Baltimore, comté de Cork, en république d’Irlande. Hugues doit retourner travailler et quitte le bord assez rapidement. De mon côté je prévois de rester visiter l’île et profiter de mon passage en Europe pour passer un Yachtmaster Offshore RYC me permettant d’exercer le métier de skipper professionnellement.

 

 

Je pourrais essayer de vous raconter la vie à bord plus en détail, mais une transatlantique c’est difficile à exprimer avec des mots. Ça se vit de l’intérieur et il faut avoir fait de la longue navigation hauturière pour comprendre. Mais comme je sais qu’il y en a qui aime bien les chiffres et les anecdotes, alors en voici quelques uns :

 

  • 2300 milles nautiques soit 4650km
  • 22 jours
  • 4 dépressions
  • 2 coups de vents (entre 30 et 40 nœuds)
  • 2 ou 3 jours de soleil
  • 698,07$ CAD d’avitaillement (nourriture)
  • 1 cuillère par dessus bord
  • 0 vomi
  • Beaucoup de dauphins
  • 0 engueulée mais un sacré paquet de discussions philosophiques
  • Aucun iceberg en vue
  • 4 jours au moins de brouillard

 

DCIM100GOPRO

 

Sur toute la transatlantique et même depuis New-York nous n’avons pêché aucun poisson. J’ai essayé une multitude de différents leurres de différentes formes et couleurs. J’ai essayé avec plusieurs lignes, plusieurs appâts sur une ligne, plus ou moins profond, rien y fait. Les pêcheurs locaux (USA – Canada – Irlande) m’ont tous dit que dans l’Atlantique Nord la pêche industrielle avait complètement vidé l’océan et qu’il n’y avait plus rien. Maintenant je veux bien les croire, et si c’est la réalité, c’est bien triste.

 

A bientôt !

 

Commentaires

  1. Bertrand a écrit le

    Zéro vomi bravo et merci pour les news! Et le yachtmaster c’est un joli projet.

  2. Gwendal a écrit le

    Yes ! Bien joué ! Et content de revoir Hugues !

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