Molly se balance calmement, amarrée au quai de Rocky Harbor. C’est ici qu’il y a 15 mois je suis arrivé à Terre-Neuve. Pour la première fois depuis quelques mois, je capte internet sur le voilier. Le vent fort de cette nuit est tombé et la pluie s’installe pour le reste de la semaine. Le périple polaire se termine. L’automne est déjà là et la neige ne devrait pas tarder à faire son apparition. Il est l’heure de continuer vers le sud rapidement.
Mais revenons à ces trois derniers mois de navigation arctique.
Fin juin, après une traversée plutôt calme de la mer du Labrador, je rejoins le Groenland à Paamiut. Nous n’y restons pas longtemps. Mes équipiers ont leurs avions à Nuuk, 150 miles plus au nord. Nous longeons donc la côte et remontons par petites étapes. Les mouillages sont spectaculaires. Les bons abris étant plutôt rares, on y trouve régulièrement des ruines. Des vestiges du passé nous remémorant les « grandes » époques de la région : campement de pêcheurs de morue féringiens, village de chasseurs à la baleine européens ou bases militaires américaines.
Début juillet, nous arrivons à Nuuk, la capitale. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à dire sur cette ville en plein développement. Mais je ne suis pas venu dans le Nord pour la ville, et Nuuk ne sera qu’un quai triste où auront lieu les changements d’équipage, l’aéroport local ayant une connexion avec l’Islande et le Danemark.
Mi-juillet, Luc et Lucien, deux amis suisses parapentistes me rejoignent. Ils sont à bord trois semaines et ont dans l’espoir de voler et tourner un film de parapente. Je les emmène à travers la glace et les montagnes du fjord de Nuuk. Ils tournent de superbes images et volent régulièrement. Fab et son voilier Hobo nous accompagnent. La météo est clémente et le soleil est souvent de la partie.
C’est difficile de décrire ce que l’on ressent en naviguant sous ses latitudes. La nature y est extrême et puissante. La chose qui m’a le plus impressionné reste le jour continu et le soleil de minuit. Deux mois sans les contraintes de la nuit, quel luxe. Les icebergs aussi m’ont beaucoup marqué. De toutes les formes, tailles et couleurs. Ils font un bruit de canon très spécifique lorsqu’ils se brisent ou se renversent. Maintenant pour ceux qui voudrait me poser la question, je peux l’affirmer : essayer de monter dessus est une mauvaise idée.
C’est une vraie photo mais je ne le referai pas :
Mi-août, nouveau changement d’équipage. Cette fois c’est avec Lætitia que nous partons en direction du Labrador. La traversée est froide mais correcte. Lorsque nous arrivons à Black Thickle, ce ne sont pas les douanes mais la tempête tropicale Erin et l’ouragan Dorian, encore catégorie 1, qui nous souhaitent la bienvenue au Canada. Bien abrités par les ruines du quai d’une usine de poissons abandonnée, nous nous en sortons sans dommage. La météo devient capricieuse et nous mettons presque deux semaines à rejoindre le nord de Terre-Neuve. Juste à temps pour que Lætitia reparte en France où son travail l’attend. De mon côté, j’amorce la descente en solitaire qui m’amène aujourd’hui à Rocky Harbor.
Magnifique tous ces voyages, ça fait rêver. Les photos sont superbes. Merci de me faire découvrir le monde à travers tes commentaires et les images. Marie-Madeleine, une petite cousine du Valais
Whoa, les photos sont unkredibl, bravo! Et surtout bravo pour ce magnifique voyage.