Caraïbes sud

Cela fait maintenant 3 mois que Molly se balance lentement derrière son ancre, que les coquillages s’accumulent sur sa chaine. Nous sommes bien dans la baie de Charlotteville, on y a trouvé un petit paradis. Mais la fin du mois de septembre correspond à la fin de notre visa dans le pays. Il est temps de remettre les voiles vers d’autres horizons. C’est avec un peu de nostalgie que nous quittons le mouillage et les copains. La saison cyclonique n’est pas terminée, nous devons encore rester dans le sud, nous hissons les voiles direction Grenade.

 

La route n’est pas très longue de Tobago à Grenade mais malheureusement pour nous, le vent n’est pas de la partie. Le nouveau régulateur d’allure installé à Tobago a quelques soucis de poulies, nous barrons toute la traversée. Pas vraiment une partie de plaisir.

 

Il est temps pour nous de décider de la suite de notre voyage et de la route que nous allons suivre. On a deux choix : le premier consiste à remonter les Etats-Unis jusqu’au Canada et tenter une traversée en camion ou par la mer vers le Pacifique. Le deuxième, plus commun, est de traverser le canal de Panama et rejoindre directement le Pacifique. Comme le froid nous manque un peu, on se dit qu’une petite parenthèse par le Nord ne nous fera pas de mal. Au programme : Bahamas, New York, Boston, Terre Neuve, Nouvelle Ecosse, St-Laurent et j’en passe.

 

Avec ce planning, les fenêtres météos sont courtes et il ne faut pas se tromper. Le bateau va avoir besoin de quelques modifications avant d’affronter les mers froides. Il nous faut remettre de l’antidérapant sur le pont, installer une capote pour nous protéger, régler nos problèmes d’hélices, ajouter un chauffage et un tas d’autres broutilles. Mais le plus important, nous devons obtenir notre visa B1/B2 pour les USA. Ce n’est pas compliqué, il faut uniquement remplir un formulaire avec un tas de questions sur notre vie. Puis, prendre rendez-vous à l’ambassade et allez leur expliquer pourquoi nous voulons allez là-bas et leur montrer que nous ne resterons pas pour y travailler.

 

Nous ne pouvons pas faire n’importe où ce visa. Nous avons 3 possibilités : La Suisse, La Barbade ou Trinidad. Trinidad est réputé pour ses chantiers navals et pour la facilité à obtenir un visa. C’est parfait pour nous, on pourra commencer les travaux.

 

On profite de visiter le sud de Grenade avant de repartir. Après Prickly bay, on part à Hartman bay avec Buena Aventura retrouver quelques bateaux copains quittés quelques mois plus tôt à Tobago. Un matin, une belle onde tropicale vient nous réveiller. Celle-ci n’étant pas vraiment annoncée, nous dormons donc sur nos 2 oreilles lorsqu’à 5h du matin le vent se met à souffler. Coup de chance, nous sommes bien ancré. Les orages s’enchaînent durant près de 36h. Le premier est le plus violent. 55 nœuds de vent (100km/h), éclairs, pluies diluviennes, un vrai décor d’apocalypse. Au final peu de casse, une bâche légèrement déchirée, des cagnards en morceaux et un GPS grillé par la foudre, ça aurait pu être pire.

 

Dix jours plus tard, nous quittons Grenade pour la baie de Chaguaramas à Trinidad. Nous planifions avec de la marge 24h de navigation. Malheureusement pour nous, nous sommes en pleine marée d’équinoxe et les courants déjà violent habituellement sont carrément déséspérent. En plein dans la figure, ils réduisent notre vitesse de plus de la moitié. Nous mettons prêt de 36h, arrivons de nuit dans un mouillage chaotique sous des pluies torrentielles. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, tous les bateaux arrivés ces derniers jours ont mis des plombes pour arriver, ça nous rassure un peu.

 

Chaguaramas est un mouillage assez spécial. La baie est bordée d’énormes chantiers navals et tous le mouillage est remplis de pétrolier, barges, remorqueurs, etc… Un cadre pas du tout idyllique. Nous mettons Molly en marina afin de mieux pouvoir travailler et commençons les démarches pour notre visa. Deux semaines et une visite à l’ambassade plus tard, notre visa est en poche. Nous avons aussi repeint le pont du bateau, traité quelques problèmes de peintures sur la coque et rafistolé notre annexe.

 

Notre voisin de ponton étant un sombre imbécile (et je contiens mes mots), nous quittons la marina dès que le gros du travail est fait afin de ne plus avoir à les côtoyer lui et sa femme. Le mouillage est malheureusement bien rempli et nous n’arrivons pas à trouver une place correcte. Après 1 heure de recherche nous plantons l’ancre au milieu du chenal, filons à l’immigration faire notre visa de sortie et mettons les voiles vers Grenade. Le cockpit attendra pour sa peinture de finition, le nez du bateau aussi.
Cette fois la navigation vers Grenade se passe bien, vent constant, mer calme, pas besoin de barrer. Nous mettons le cap vers St-Georges, la capitale.